Et parmi les aspects généraux relevant de la connaissance de sa biographie (NDT : la biographie du Prophète ﷺ) :

Le fait qu’il résida à la Mecque le temps qu’il y résida, puis émigra vers Médine afin de rendre  manifeste ce qu’Allah lui avait enjoint de manifester extérieurement de la religion et ceci est l’une des injonctions de la religion, afin que l’individu soit en mesure d’afficher clairement son inimitié envers les polythéistes, et ils (les musulmans) furent dans l’incapacité totale de pratiquer cela (avant la hijra), de prononcer clairement l’anathème sur les associateurs ainsi que de leur vouer une inimitié. Émigrèrent donc avec lui ceux qui le firent.

La hijra :

Sa racine vient du mot hajr  « هجر », qui est le fait de délaisser/abandonner.

Dans la terminologie religieuse, c’est le fait de délaisser les terres polythéistes au profit des terres d’Islam, c’est à dire : de pratiquer ce délaissement dans le but de rechercher l’Islam. Si ce n’est pas le cas, alors une personne qui, par exemple, ne recherche pas l’islam à travers son déplacement, une telle personne n’est pas considérée comme “ mouhajira ”.

Alors que la hijra (islamiquement) est le fait de se déplacer d’une terre de polythéisme du fait qu’elle soit justement une terre de polythéisme vers une terre d’Islam afin d’y établir sa résidence ou pour en finir avec les préjudices causés (par les polythéistes).

“ Et elle est obligatoire pour cette communauté et revient à quitter la terre du polythéisme pour la terre d’islam. ”

Elle a valeur d’obligation à titre individuel concernant celui qui est en mesure de l’accomplir, quant à celui qui en est incapable, il est excusé.

“ Son injonction demeure prescrite jusqu’à l’avènement de l’Heure. ”

Son caractère obligatoire demeure jusqu’à la venue de l’Heure, rien ne l’a abrogé et rien ne l’abrogera.

Nous avons donc pris connaissance de ce qu’est la hijra : qu’elle consiste à quitter la terre de polythéisme pour la terre d’Islam.

Que ce mot découle de la racine du mot hajr, le délaissement. Et vous avez précédemment pris connaissance que le hajr signifie at-tark « الترك », l’action de délaisser/ d’abandonner.

S’il t’est demandé :

“ Quel est son jugement législatif ? ”

Tu réponds :

“ Qu’elle est obligatoire pour cette communauté, que ses membres doivent quitter les pays des polythéistes pour les pays des musulmans. ”

Il est envisageable qu’ils te disent :

“ Est-ce que son caractère obligatoire demeure prescrit ou bien cela concerne-t-il les générations passées ? ” Et c’est cela le sens voulu par l’auteur.

Il est possible qu’un interlocuteur déclare :

“ Il y a le hadith (rapporté par la voie) d’Ibn ‘Abbas (رضي الله عنه) :

Pas d’émigration après la conquête (de Makkah). ”

Il a été dit (par les savants) : Ceci concerne la hijra de Mekka vers Médine lorsque celle-ci n’avait pas encore été conquise, lorsque c’était encore une terre de mécréance.

Sans cela, les gens de science sont unanimes sur le fait que la hijra demeure prescrite. Ceux qui s’appuient sur ce hadith de cette manière (NDT : c’est à dire pour argumenter sur le fait qu’il n’y a plus d’émigration de nos jours) sont des ignorants, des gens simplets qui ne connaissent ni le sens du hadith ni la manière de l’exploiter pour argumenter.

Le hadith démontre (NDT : aux gens de cette époque, ceux qui ont connu la conquête de Makkah) : qu’il demeure vous concernant l’injonction du jihad et le fait de faire preuve de sincérité dans vos oeuvres. C’est à dire que la Mecque est devenue une terre d’islam au même titre que Médine.

La preuve démontrant le caractère obligatoire de la hijra dans le Qur’an est la parole d’Allah (تعالى) :

« Ceux dont les anges reprirent leurs âmes alors qu’ils s’étaient causés du tort à eux-mêmes.. »

[S.4 – V.97]

C’est à dire en résidant parmi les polythéistes à Makkah, alors que le jugement la concernant à cette époque s’applique à autre qu’elle (parmi les terres de mécréance).

“ Ils dirent ”

Ici ce sont les anges, et ils savaient. Cependant ils leur adressèrent cette question à titre de reproche :

“ Où en étiez-vous ? ”

Dans quel camp vous trouviez-vous ? Le camp des musulmans ou bien celui des polythéistes ?

“ Ils dirent : Nous étions impuissants sur terre. ”

Ils ont donné l’excuse de l’impuissance. Les anges savaient que ces gens là savaient pertinemment à quel endroit ils vécurent.

Ils (les anges) ne les excusèrent pas car cette excuse n’en constitue pas une dans l’absolu, et ce n’est pas toute excuse avancée qui est recevable et acceptée.

Plutôt ils désavouèrent leur parole :

“ Ils dirent ”

C’est à dire les anges, en guise de réplique contre eux :

“ La terre d’Allah n’était-elle pas assez vaste afin que vous émigriez ?! ”

Allah (سبحانه) informa ici que la terre n’était pas étroite et que le musulman était en mesure de sortir vers ce qu’Allah avait rendu vaste de sa terre.

 [……]

“ Ceux là leur refuge sera la géhenne et quelle mauvaise destination. ”

Et pour cette raison Il exempta les impuissants :

“ À l’exception des impuissants parmi les hommes, les femmes et les enfants.. ”

Et ensuite Il leur clarifia et exposa que ce n’est pas toute impuissance qui est considérée comme une excuse, Il clarifia cela par sa parole :

“ Ceux qui n’ont aucun moyen ”

De se soustraire aux polythéistes, ils ne possédaient aucun moyen entre leurs mains pour ce faire.

La juste compréhension du terme  » hila »

Ce terme fut employé de manière indéterminée grammaticalement pour signifier qu’ils n’avaient pas la moindre solution, même la plus petite.

Ils n’eurent pas la moindre solution pour se rendre ailleurs. Et si l’on estime qu’ils furent en capacité de quitter les lieux, pour autant ils n’auraient pas été en mesure de se guider.

La compréhension juste du terme “ hila ” (ici, solution) est que s’ils avaient trouvé la moindre solution et que malgré cela, ils n’avaient pas quitté (Makkah) et qu’ils aient délaissé (la hijra), alors ceci ne leur aurait pas été excusé car le terme “ hila ” ici est indéterminé donc englobe toute solution. Seul celui qui ne trouve pas la moindre solution ou bien qui est incapable de trouver son chemin s’il s’en va est excusé.

“ Et qui ne sont pas en mesure de trouver un chemin. ”

Et qui ne sont pas en mesure de se frayer un chemin pour sortir, ils ne connaissent pas le chemin et s’ils avaient eu recours à quelqu’un, peut être les aurait il tromper.

C’est une telle personne qui est excusée :

“ qui ne trouvent aucune solution et ne sont pas en mesure de se guider sur un chemin. ”

“ Ceux là sont ceux envers qui Allah se montrera indulgent ”

Ceci de par sa grâce envers eux et sa justice, il leur pardonnera car “ Allah est indulgent et pardonneur. ”

Ce verset est donc clair au sujet de l’obligation de la hijra et que seul celui qui ne trouve aucune solution ou est incapable de trouver son chemin est excusé. Quant à ceux qui peuvent, de ceux qui connaissent une sorte d’impuissance mais qui ne les empêche pas pour autant, alors elle leur est obligatoire.

Traduit par Sabil Al Haqq

Source : Sheikh Muhammed ibn Ibrahim Al Sheikh, sharh oussoul thalatha, p.252 à 256.